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Mellois en Poitou : des patrimoines incontournables

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Une civilisation romane importante

A quelques exceptions prêt, le Mellois en Poitou s’hérisse d’églises des XIe et XIIe siècles, quelque fois entièrement romanes, et pour d’autres, enrichies par les périodes postérieures : là des éléments gothiques, ici des ajouts Renaissance, et encore ici des remaniements du XIXe siècle. La présence du style roman est suffisamment forte pour frapper les visiteurs. Ainsi, vous découvrirez des chapiteaux narrant des scènes profanes ou religieuses, des voûtes en berceau, ou encore des portails originaux présentant vices et vertus, signes astrologiques, bestiaire expressif et l’Homme toujours au centre qu’il soit musicien, qu’il combatte lions et basiliques ou chasse le cerf et le sanglier…

Les églises du Mellois en Poitou valent toutes le détours ! Nous signalons le cas particulier de Saint-Hilaire de Melle, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle saura vous accueillir et vous narrer l’histoire de la cité, du cœur du Moyen Âge jusqu’au début du XXIe siècle.

Une histoire protestante forte, marqueur dans le paysage

Visiter le Mellois en Poitou, c’est s’inviter à un voyage au cœur de témoignages rares dans notre région, notamment par la découverte du patrimoine protestant marqueur du paysage par la présence de ses cimetières familiaux que l’on devine dans les jardins, des temples et des pins parasols, insolites dans ce pays du châtaigner.

La diffusion du protestantisme jusqu’aux affrontements

Le passage de Jean Calvin en 1534 (Poitiers) influence durablement le territoire qui édifie son premier temple en 1547, à Prailles. Le mouvement humaniste relaie aussi les attentes des protestants. Mais ce contexte favorable ne dure qu’un temps. La répression contre les mouvements réformés s’intensifie. Malgré la rencontre au château de La Mothe-Saint-Héray, de Catherine de Médicis et Henri de Navarre, les deux partis ne s’entendent pas et les affrontements se multiplient : l’abbaye royale de Celles-sur-Belle est attaquée en 1568, Melle en 1559.

Si l’édit de Nantes tempère la situation en accordant aux protestants la liberté de conscience et de culte (limitée) et l’égalité civile, le XVIIe siècle renverse très vite cet apaisement. La Révocation de l’édit de Nantes, en 1685, bascule la situation dans une répression féroce orchestrée par Louis XIV et Colbert. Le Mellois en Poitou se souvient encore des dragonnades, ces attaques de soldats, cavaliers royaux, qui convertissaient de force la population huguenote. L’épisode du Grand Ry en est un témoignage douloureux.

Une vie clandestine qui s’inscrit toujours dans le paysage

Le paysage de bocage du territoire est propice alors aux protestants qui s’y cachent pour célébrer des assemblées, le Désert, ou pour préparer un départ vers des pays amis. Les chemins creux que l’on peut parcourir encore aujourd’hui, transmettent cette histoire de la clandestinité. Le musée du Poitou protestant en relaie l’histoire, par une véritable immersion dans le temps. Des personnalités tel Jean Migault ou la prédicante Marie Robin font entendre leurs voix jusqu’à l’exile.

Au cours de cette période, n’ayant pas d’existence civile, les protestants enterrent leurs morts nuitamment, hors des cimetières qui leur sont interdits. Ce n’est qu’à partir de la Révolution, que le droit d’inhumation dans les cimetières communaux est promulgué. Malgré tout, les familles continuent d’entretenir des cimetières particuliers, dans les jardins. Les tombes sont désormais édifiées au grand jour, marquées par des pierres tombales au décors recherchés. Entourés de murets, de buissons de buis, plantés de cyprès… il n’est pas rares d’en découvrir au gré de ses balades.

Le pin parasol, une empreinte dans le paysage

Le pin parasol, insolite dans notre région, est devenu malgré tout un arbre identitaire. Selon la tradition, ces arbres indiqueraient des « maisons amies ». Les spécimens toujours debout aujourd’hui ont été plantés au plus tard au XIXe siècle, comme arbre de la Liberté retrouvée. Certains ont été plantés après la tempête de 1999.

La pigne est un élément de décor que l’on retrouve dans les temples ou sur les tombes.

L’architecture protestante, le temple

Les édifices du Mellois en Poitou sont de plan rectangulaire, en référence aux représentations du temple de Salomon mais aussi en souvenir des granges qui accueillaient les assemblées clandestines. Tous datent du XIXe siècle sauf celui de Beaussais qui occupe l’église romane.

Le temple étonne par la modestie de son décor et la simplicité de ses lignes. La lumière pénètre généreusement pour faciliter la lecture des textes saints. La parole est privilégiée, diffusée depuis la chaire.

La Contre-Réforme ou la réaction catholique

Si le territoire est marqué par l’histoire protestante, son paysage est aussi révélateur de la réaction catholique que l’on nomme Contre-Réforme, impulsée par le concile de Trente au XVIe siècle. Le plus beau témoin est l’abbaye royale de Celles-sur-Belle. Son clocher marque les alentours, dans un contexte qui propose des villages sans églises. La restauration des bâtiments conventuels et de l’abbatiale au XVIIe siècle par François Le Duc, propose un programme classique pour l’abbaye et gothique pour l’église. Le soleil que l’on retrouve sur la clef pendante de la croisée du transept est bien une affirmation du pouvoir : un roi, une foi, une loi. L’abbaye s’impose au regard et sur les esprits.

Aujourd’hui…

Les temples, les pins parasols, les cimetières privés, les reconquêtes catholiques se lisent toujours dans le paysage. Il reste aussi de cette histoire le mouvement coopératif qui a influencé la naissance, à partir du XIXe siècle, des coopératives laitières, des sociétés mutuelles (la MAIF, par exemple) ou encore du journal La Concorde, véritable « coopérative intellectuelle ».

L’architecture du XXe siècle

Le XXe siècle s’ouvre avec un témoignage art Nouveau : une belle verrière (2, place Bujault à Melle) et des papiers peints dignes de œuvres de William Morris ! On retrouve aussi des éléments art Déco avec les usines de Melle ou encore le patrimoine scolaire, comme à Brioux-sur-Boutonne, Celles-sur-Belle et Paisay-le-Chapt.

Les signatures d’architectes ne manquent pas. Ainsi, Hervé Baudouin signe la salle des fêtes de Saint-Romans en mariant techniques modernes et matériaux identitaires mellois : pierre sèche et châtaigner.

Des édifices ont reçu le label « Architecture XXe » pour leur intérêt technique, socio-économique et stylistique : ainsi, les halles (1903), l’extension des années 50 de La Poste et l’école Jacques Prevert (1959) de Melle.

Élu référent :

Sylvie BRUNET
Vice-présidente

Contacter :

Direction de l'animation du territoire
1, rue du Treuil
79370 Celles-sur-Belle